P3: Plastique, Projet, Pochette

P3: Plastique, Projet, Pochette : Bougeons pour demain!

Pour commencer...

C'est en partant d'un constat, celui de l'augmentation de la pollution dans la ville de Ouahigouya au Nord du Burkina Faso, et de l'extension des décharges sauvages dans la ville et sa banlieue, que l'idée de recyclage et de gestion d'une partie des déchets a émergé et est devenue concrète par la création d'atelier pour redonner une seconde vie au plastique.

P3 a choisi d’orienter son projet en employant des femmes en situation en situation de précarité, souvent avec des enfants en bas âge et célibataires. Très peu d’artisanat, et encore moins d'usine ou encore de formations, leur sont accessibles. Marginalisées, elles doivent donc subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants « au mieux » quelquefois via de petites activités de maraîchage ou encore de commerce.

P3 emploie actuellement 22 femmes et a donc permis à 22 familles de trouver un niveau de vie acceptable, fruit du travail de la maman. A terme, P3 a pour objectif d’employer 40 femmes et donc permettre à leurs enfants d'accéder aux soins, à l'éducation et à des conditions de vie dignes.

 

Les sachets plastiques que nous utilisons sont en effet assez spécifiques et utilisés par un très très grand nombre d'Africains dans la vie de tous les jours.

En effet, ce sont de petits sachets d'eau, dont la contenance varie entre 25 cl et 50 cl. Ils sont achetés dans des petits Kiosks en bordure de route, dans les restaurants ou chez des particuliers. Ils sont déglutis en quelques secondes et la plupart du temps, ce sachet plastique se retrouve au sol.

Les arguments majeurs de la production et de la vente de ces sachets d'eau sont, premièrement la qualité d'eau potable qui n'est pas accessible à tous en Afrique.

 

Deuxièmement un coût d'achat à l'unité qui n'est très pas élevé (25F CFA soit moins de 0,04 cts d'euros). Et troisièmement, une eau fraîche, puisque les sachets d'eau mis à la vente à l'unité sont stockés dans des frigos ou des congélateurs. Et rien ne vaut 25cl d'eau fraîche après une journée de travail à plus de 35°C.

On observe alors devant certains kiosks très fréquentés, que le sol est jonché de ce plastique. Cela ne s'arrêtant pas à cet endroit, ils sont balayés un peu plus loin ou sont emportés par le vent dans les paysages alentours.

Le contexte sociale et politique concernant le projet

P3: Plastique, Projet, Pochette est un projet qui répond à deux problématiques locales majeures sur les plans sociaux et écologiques.

D'une part, il répond à un mal de l'Afrique, celui du cancer des sachets plastiques. Les sachets plastiques utilisés par un très grand nombre d'africains dans la vie de tous les jours sont spécifiques. Ils contiennent 25 à 50 cl d'eau potable. Vidés de leurs contenus, ils jonchent les sols de la ville et s'envolent au vent.

La gestion des déchets, quels qu'ils soient, est inexistante. Les déchets sont souvent brûlés devant les portes (polluant l'air) ou transportés à l'extérieur de la ville. Tous les jours les décharges sauvages s'agrandissent. Elles sont des terrains de jeux pour les enfants et favorisent le développement de maladies.

Ces déchets plastiques sont devenus pour P3 un moyen de créer un revenu pour aujourd'hui 22 femmes. Nous valorisons ainsi les compétences des femmes et chacune contribue à la protection de l'environnement.

Toute la population de la ville de Ouahigouya en bénéficie car nous agissons positivement, certes modestement, sur l'assainissement de la ville et la préservation de l'environnement.

Les éleveurs également s’en trouvent positivement impactés. Les élevages (chèvres, moutons, vaches) consomment les sachets plastiques qui volent dans les rues, entraînant la mort de l'animal et une énorme perte financière pour son propriétaire.

D'autre part, il prend en main une réalité celui du chômage et de la précarité sociale d'un grand nombre de femmes. Aujourd'hui la majorité de la population de Ouahigouya a une activité agricole. Les habitants n'ont pour la plupart qu'un lopin de terre, qui ne permet même pas à toute la famille de se nourrir quotidiennement. Une activité salariée parallèle est donc nécessaire pour assurer les besoins quotidiens et indispensables à leurs développements comme les soins, la scolarité, les transports.

La présence dans la Région du Nord du Burkina Faso d'entreprises embauchant des femmes est très faible voire inexistante. Notre projet est une opportunité presque unique pour elles.

 

Il n'est pas possible de stopper l'utilisation du plastique pour ces sachets, c’est bien souvent la seule solution pratique pour pouvoir consommer de l’eau potable. C'est pourquoi notre intervention est tournée vers une alternative, celle du recyclage par l'insertion et la formation de femmes.

Pour conclure, P3 est un projet qui répond à deux problématiques locales majeures sociales et écologiques : le grand nombre de jeunes mères seules et la pollution due aux sachets plastiques (ayant servi de contenant à l’eau potable) usagés.

Les jeunes mères seules survivent dans des conditions de précarité extrêmes et leurs enfants en subissent les conséquences directes.

Perspectives

Si nous ne bougeons pas aujourd'hui, les générations à venir en payeront le prix.

P3 se veut être un projet durable et les objectifs se déclinent sur les trois piliers de la durabilité :

 Vivable

Construire des ateliers de production en voûtes et coupoles

Recycler les sachets plastiques générés par la communauté de Ouahigouya : installer des poubelles dédiées dans toute l’agglomération  (une vingtaine déjà en place)

 Viable

Travailler en circuit court (artisans locaux et matières premières locales)

Développer les ventes régionales (Burkina et Afrique de l’Ouest)

 Équitable

Employer des mères seules (préalablement en situation de grande précarité) : 40 emplois à 2020

Sensibiliser la population locale aux méfaits du plastique par des actions publiques

Et c'est aussi dans un objectif de diminuer et de gérer les déchets que nous menons notre action.

Photo des sachets plastiques en train de sécher (02.2015)

Photo des femmes de l'atelier lavant les sachets plastiques (02.2015)

Photo d'une décharge au centre ville de Ouahigouya (11.2014)